Retravaille la forme

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Quentin 2020-04-21 16:53:37 +02:00
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@ -3,21 +3,21 @@ layout: post
slug: stopcovid
status: published
sitemap: true
title: Pas d'anonymat pour StopCovid
description: Mais de la surveillance
title: "StopCovid : anonymat et autorités"
description: Une nouvelle forme de surveillance ?
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À l'écriture de cet article, nous sommes à un tournant : après 1 mois de confinement, le gouvernement a annoncé récemment une date ferme de fin du confinement, le 11 mai 2020. Depuis, l'exécutif précise au fur et à mesure sa politique pour l'après confinement. Au programme, entre autre, une application mobile : **StopCovid**.
D'abord annoncée le 1er avril par Cédric O, secrétaire d'état au numérique, {% cite noauthor_coronavirus_2020 %}, ce n'est que récemment (autour du 20 avril) que [Inria](https://www.inria.fr) (un centre de recherche public en informatique) a annoncé publiquement être en charge du développement de cette dernière. Récemment, des détails techniques ont été donnés dans la presse et directement sur le site web d'Inria {% cite bembaron_ou_2020 sportisse_figaro %}.
Étant doctorant en systèmes distribués et attachés à la vie privée ainsi qu'aux libertés, je vous propose de regarder en détails cette application sensible en confrontant les détails techniques aux promesses de la communication.
Étant doctorant en systèmes distribués et attaché aux libertés, je vous propose de regarder en détails cette application sensible afin de savoir **sous l'angle de l'anonymat des utilisateurs aux yeux des autorités** comme annoncé dans l'article explicatif d'Inria {% cite sportisse_figaro %}.
![](/assets/images/posts/stopcovid.webp)
<center>*Combattre un virus avec un téléphone ? Crédits : OOI JIET, [Unsplash](https://unsplash.com/photos/mXPukrX-794)*</center>
Je vous propose de commencer par resituer le contexte qui nous a amené à parler d'applications mobiles dans la lutte contre le COVID-19.
Ensuite je vous livre mon analyse des lacunes du système proposé au vu des promesses avancées.
Ensuite je vous livre mon analyse des lacunes du système proposé pour comprendre pourquoi vous ne serez pas anonyme aux yeux des autorités.
Nous verrons comment cette application pourrait être aisément dévoyée de son usage premier.
Enfin, nous évoquerons d'autres solutions plus respectueuse des libertés,
et questionnerons l'utilité d'une telle application.
@ -35,13 +35,15 @@ Pour obtenir cette information, il est possible de questionner le malade ou de c
Beaucoup d'applications ont été proposées par les chercheurs et les entreprises. Nous n'en retiendrons que trois, celles qui semblent avoir retenu l'attention des autoritéset dont le fonctionnement prévu est documenté : BlueTrace, le projet original déployé à Singapour {% cite bay_bluetrace_nodate %}, DP3-T, une solution principalement développée en Suisse par l'EPFL {% cite noauthor_dp-3tdocuments_2020 %} et finalement ROBERT, le candidat pour devenir StopCovid, développé en France par Inria {% cite noauthor_robert-proximity-tracingdocuments_2020 %}.
À propos de ROBERT, l'article explicatif d'Inria nous informe que {% cite sportisse_figaro %} :
Ces applications fonctionnent sont relativement similaires et fonctionnent en deux phases. Tout d'abord, elles collectent en continu via le Bluetooth de votre téléphone des "pseudonymes" d'utilisateurs autour de vous ayant l'application. Ensuite, elles interrogent un service opéré par le gouvernement pour savoir si vous avez été en contact avec une personne infectée.
En collectant avec qui nous avons été en contact, ces applications permettent de reconstituer notre graphe social, une information qui a montré son importance dans les dispositifs de surveillances. À propos de ROBERT, l'article explicatif d'Inria nous informe que {% cite sportisse_figaro %} :
> Une telle application nest pas une application de surveillance : elle est <strong>totalement anonyme</strong>. Pour être encore plus clair : sa conception permet que <strong>PERSONNE, pas même lEtat, nait accès à la liste des personnes diagnostiquées positives ou à la liste des interactions sociales entre les personnes.</strong>
Mettons donc ces déclarations à l'épreuve du document décrivant le fonctionnement de ROBERT.
## Pas d'anonymat pour ROBERT
## Avec ROBERT, l'État sait qui vous êtes
La partie problématique de ROBERT se trouve dans sa façon d'annoncer et d'apprendre l'existence d'une infection au COVID-19.
@ -65,7 +67,7 @@ On peut donc considérer que DP-3T est une moins mauvaise alternative que BlueTr
<strong>On peut donc conclure que l'affirmation d'anonymat est fausse : l'application n'est pas totalement anonyme, l'État peut techniquement accéder à la liste des personnes diagnostiquées positives ou à la liste des interactions sociales entre les personnes.</strong>
## ROBERT peut confiner qui il veut
## Avec ROBERT, l'État peut vous assigner à résidence
![](/assets/images/posts/stopcovid_schema2.png)
<center>*Le service StopCovid de l'État est une boite noire*</center>
@ -77,7 +79,7 @@ Dans ROBERT et BlueTrace, et contrairement à DP-3T, c'est le service de l'État
<em>D'autres personnes ont déjà remonté ces problèmes à l'équipe de recherche. J'y ai également partagé les éléments cités dans cet article. Au moment de l'écriture de cet article, aucune réponse n'a été apportée&nbsp;{% cite noauthor_authority_nodate %}.</em>
## Faire confiance à l'État
## Peut-on faire confiance à l'État ?
En continuant de lire l'article explicatif de ROBERT {% cite sportisse_figaro %}, la confiance en l'État est abordée :
@ -116,7 +118,7 @@ Mais c'est en supposant qu'elle fonctionne. Aujourd'hui, encore beaucoup de prob
> Dabord, comme tout projet scientifique, ce protocole va être soumis à la critique de ses pairs. Cela nécessite une démarche douverture : larticle scientifique est mis à disposition de la communauté scientifique sous Github.
Sous l'illusion de l'ouverture et de l'échange annoncée {% cite sportisse_figaro %}, à l'heure actuelle, aucune critique ou information remontée n'a fait l'objet d'un échange, d'une explication ou d'une modification de la part de l'équipe en charge du projet. D'ailleurs, cette application est déjà très loin de faire l'unanimité au sein d'Inria, et un groupe de chercheurs à mise en ligne un site web pour lister tous les risques inhérents à l'existence d'une application de traçage (risques qui vont bien au delà de ceux mentionnés dans cet article) {% cite vuillot_15_nodate %}.
Sous l'illusion de l'ouverture et de l'échange annoncée {% cite sportisse_figaro %}, à l'heure actuelle, aucune critique ou information remontée n'a fait l'objet d'un retour, d'une explication ou d'une modification de la part de l'équipe en charge du projet. D'ailleurs, cette application est déjà très loin de faire l'unanimité au sein d'Inria, et un groupe de chercheurs à mise en ligne un site web pour lister tous les risques inhérents à l'existence d'une application de traçage (risques qui vont bien au delà de ceux mentionnés dans cet article) {% cite vuillot_15_nodate %}.
Nous souhaitons tous trouver une solution rapidement pour sortir de cette crise, parfois même au prix de nos libertés. À mon avis, l'application de *tracking* StopCovid est une fausse solution et une vraie menace. Elle permet des effets d'annonce pour faire oublier le manque de masques et de tests, elle permet d'accroitre le contrôle de l'État sur les populations, elle nous donne l'impression de reprendre le contrôle sur cette crise qui nous dépasse mais elle ne nous protègera pas du coronavirus. Et gardons en tête l'effet cliquet : l'exceptionnel d'aujoud'hui deviendra la norme de demain.